dimanche 27 mars 2011

Rage Inhumaniste

Écroulé sur un matelas, rien ne bouge plus dans ce bordel qui me sert de chambre, le temps s'est suspendu. Statue post-moderne j'ai la même position que quand je suis tombé avec ce livre à la main il y a un peu plus de 2 heures. Je tourne la page une fois de trop et mes doigts caresse le dos plastifié du bouquin. La larme à l'oeil, je baille en me redressant sur le lit, au milieu des draps défaits une fourmilière me traverse du coude aux phalanges. La gueule enfumée même sans tabac, je me lève finalement pour aller prendre un shake de prot aux noisettes et nourrir mon poste affamé lui aussi par cette journée bien silencieuse. Le dernier album de Sopra me tombe dans la main comme un fruit bien frais sur lequel quelques gouttes de rosé perlent encore. Je l'engouffre dans le mange disque et le laisse cuire à 200 décibels...


Pouah! C'est le coup fouet qui me fallait, j'ai la tête qui bouge comme un coq en finissant à la va vite le rangement de ma piaule, le temps d’enfiler mon jogg, une redbull et c'est tout mon sang qui se met à bouillir dans ces 20mètres carrés de poussière. Pas le time pour le reste, j'enfourche mon vélo jaune pisse et je fonce direct à la salle. La tête dans le guidon, chaque coup de pédale me rapproche de l'implosion. J'arrive au taquet, me débarrasse du vélo comme du bonjour que je jette par dessus mon épaule histoire de pas trop laisser transparaître mon manque béant de sociabilité. Une fois en place je me vide la tête en une seconde et me lance avec rage dans des séries sans fin.
La plupart des gens ne me comprennent pas, mais moi non plus je piges rien à leur vie de poisson rouge engourdie. En surchauffe, j'ai la respiration haletante, la transpiration qui coule sur mes sourcils froncés, les dents serrées à m'en péter la mâchoire et les bras plus chargés qu'un maçon, une heure passe et je n'y vois déjà plus très clair. Ma fougue qui était jusqu'ici une brèche dans laquelle je m'engouffrais à corps perdu se dissout dans l'effort et se transforme en une sorte d'énergie diffuse qui m'incombe d'épuiser jusqu'à la dernière goutte. Quand je ne trouve plus la force de soulever la barre c'est mes nerfs qui prennent le relais, cette sensation d'aller au delà de soi, de perdre conscience de toute chose sinon de l'effort, c'est comme se sentir ivre, chaque cm de ton vivant est près à craquer mais toi t'es là et tu lâche rien parce que c'est ça être en vie. J'apprécie chaque seconde des 45 que je m'accorde entre chaque exercice. 2 heures passent et j'arrive au bout de moi même, ça bas fort sous mon thorax, en nage et un peu euphorique, je trouve un banc pour me remettre de ce vide qui s'est fait en moi.
La serviette sur la tête, je bois à petite gorgée et me redresse pour reprendre mon souffle calmement, autour de moi des gens vont et viennent au milieux d'appareils aux couleurs vives. Je me pose un instant, simple observateur de tout ces élans azimuts et troubles, peu à peu ce flou gaussien laisse place à la netteté des silhouettes qui m'entourent.
A présent j'y vois clair, à droite il y a ces 3 gays qui forcent en gémissant sous leurs tee-short rose moulant, d'autres plus au fond portent des maillots de foot et tournent à 5 sur un appareil pour les pectoraux. De là ou je suis je les entends se plaindre de leur fatigue et critiquer dieu sait qui entre chaque série, un autre, bien plus volumineux reste au centre, il soulève des haltères pas plus lourdes qu'un pack d'eau en séries de 30 ça lui prend un temps fou mais il pose devant le miroir pendant chaque répétition.
Mon euphorie me quitte plus vite que ce qui me reste d'énergie, je veux partir d'ici.
Dans les vestiaires, un mec au maillot de l'OM m'aborde d'un "salut", je réponds aussi sobrement que la politesse le permet. Il enchaîne directement sur un "Et toi tu pousses bien hein?" je ne sais pas quoi répondre j'ai envie de l'insulter, j'ai envie de lui coincer la tête dans son casier et de fracasser son crane à grand coup de porte. Mais pour continuer dans les formes niveau sobriété je sors un simple"Merci toi, aussi". Ces mots me dégoûtent j'ai l'impression bizarre qu'ils ne sont pas sorties de ma bouche. Je commence à me retourner pour repartir, mais il me répond déjà comme si on commençait une conversation palpitante entre ami d'enfance."Ouais mais tu viens tout les jours aussi. Allez, je suis sur qu'il y a ta tante sur le parking" Il ricane comme savent le faire les footeux et se retourne vers le reste de la faune présente à la recherche d'un public plus réceptif à ses vannes. Sur l'échelle du sentiment je viens de trouver le zéro absolu, ma tête est vide, ma politesse tente un sourire de béatitude mais mes lèvres ne bougent pas d'un cil, je dois faire peur car son sourire s'arrête net.
J'ai l'impression qu'il bloque lui aussi, il fait un pas en arrière, le silence en quelques secondes à peine se met à peser des tonnes. Son pote tente un sauvetage de conversation par un"Et ouais c'est ça si tu veux progresser faut pousser, il y a pas de secret gros" sur ces sages paroles de poète urbain, je m'en vais pour de bon cette fois ci, il ne me retient pas.

6 commentaires:

  1. te sens-tu réellement vivant dans la routine que tu t'es créé? c po un reproche ni une critique négative !! mais j'ai l'impression que tu fais du surplace Ne choisit pas forcément le chemin le plus facil certe il est tentant mais les obstacles sa a du bon il fo voir le bien ds le mal je c de quoi je parle. j'ai fai un choix radical un jour sa me fai mal j'ai quitter famille ami maison pour sauter ds l'inconnu j'avai la rage o ventre littéralemen j'ai meme failli foutre ma vie en l'air bref.. j'étais rendu a un point ou j'étais un 'exclu' je l avai voulou et je reste d'une certaine manière
    j'en ressort grandi de cette expérience mes vieux l'on po subi ils zon compri que c etai un choix irrévocable ( j'étais littéralement parti) question de semaines ... j'en est chier vivre avec d inconnu souvivre o otre c cho jme sui fai violence parfoi c trop pour moi meme prend le café avec les autres sa me tu voir leur hypocrisie degouler de leur bouche leur proximite me derange ... alor moi aussi la salle les jogging sa me fai du bien d avoir mal je vi c notre thérapi a nous jte compren mai fo que tu te fasse violence pour bouger 'net ' et vivre quand meme

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  2. j'ai quitter mon confor mon pti chez pour m'engager ds une aventure ou j'ai rencontrer des gen different une nouvelle famille tres grande tres variée fai ta chance mes les bille de ton cote est un 'back-up plan' et fonce a trop hesiter a trop etre passif spectateur on oubli que nous meme on est acteur de notre vie t le captain de ta destinée jte souhaite bonne chance me pren po pour un fou sans dec' avance
    " M..."

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  3. Moi j'aime beaucoup cet article, je t'y vois parfaitement, les gens de ta salle se la jouent "POUR LA FAMILLE!" en soulevant la barre quoi xD

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  4. Anonyme 1 : Je ne suis pas d'accord avec toi... partir, tout laisser en plan, ça a du bon. Il n'y a jamais de "surplace" dans une vie humaine, même si on en a l'impression de temps en temps. On grandit sans cesse, on évolue, on perd, on rit, on pleure.
    Tout comme la routine : c'est à nous de rendre cette vie plus heureuse, plus joyeuse, ou plus dangereuse, aussi. Tu as un boulot stable, tu fais tes 35 h/semaines, et tu rentres le soir à la même heure ? Alors quitte ce job, trouve autre chose, de plus physique ou de plus intellectuel ! Tu vis dans cette ville depuis plusieurs années, tu fréquentes les mêmes personnes, aux mêmes endroits. Alors déménage, pars vers l'inconnu, quitte à souffrir et y perdre, aussi bien sur le plan humain que matériel.
    Attention, je ne me permet pas de te juger, car je ne te connais pas. Mais je trouvais intéressant le fait d'exposer mes pensées sur ce sujet, qui me tient particulièrement à cœur.

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  5. Comme dit Alan, je te vois très bien dans cette scène. Remarque que si j'aurais été à coté de toi, même si le gars aurait fait trois têtes de plus que moi, un fuck bien placé il aurait eu en face de ces yeux de footeux de merde. Je lui aurais peut-être même foutu un taqué entre les jambes, car pour toi, comme pour Alan, quand il s'agit de votre dignité, j'ai plus peur de rien. Autant me casser la gueule avec quelqu'un et avoir fait ce que je pensais être méritant que de rien dire et le laisser fuir. Bref, je te félicite tout de même de pas l'avoir frapper. C'est plus courageux encore que de l'avoir fait. Puis, au passage, sa blague à la con, je l'ai même pas comprit.

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  6. "en séries de 30 ça lui prend un temps fou mais il pose devant le miroir pendant chaque répétition"

    Tout juste énorme. Je sais pas comment exactement le comprendre.. Est-ce que c'est les séries de 30 qui lui prend un temps fou, ou une ultime et magique phrase qui indique que le fait de poser devant le miroir lui prend un temps fou ?
    Dans tous les cas, je le vois comme ça, et je trouve ça digne d'être envoyé à un comique qui fera sa réputation sur ça.

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